Une mélodie se fit entendre. Elle paraissait presque imperceptible. Je ne distinguais que quelques brides de celle-ci. Elle avait un air entrainant. Je la connaissais. Mais oui, bien sur. C’était une chanson très connue. Elle passait en boucle cet été, dans toutes les radios. Je voulus l’entendre mieux. Pourquoi je ne percevais pas mieux cette mélodie ? Je me concentrais, mais ça n’avait aucun effet.
Puis un instant après, je discernais un autre son. Cette fois-ci c’était plutôt un bruit. Oui. Un bruit de moteur qui crachote. Qui a du mal à avancer. C’est ça. Je me sentis ensuite faire des va et viens, en avant puis en arrière, et ce pendant un petit moment. Et d’un coup, je fus projetée violemment vers l’avant. Du fait de ce mouvement brusque, j’ouvris les yeux par pur réflexe.
J’étais dans la voiture, le moteur venait juste de nous lâcher. Nous ? Oui, ma mère était assise à côté de moi et tempêtait. Elle sortit un tas de paroles colériques, mais je n’y fis pas attention. Je venais d’entendre la chanson qui m’interrogeait dans mon sommeil. Je pouvais la distinguer très facilement maintenant que j’étais éveillée. Une chanson que j’aimais bien, mais dont je n’arrivais jamais à retenir le nom.
Ma mère sortit de la voiture et devint plus calme à la vue d’une maisonnette. Elle vint devant ma portière doucement, l’ouvrit et me déclara d’un ton solennel :
- Voici notre nouvelle maison ma chérie ! J’espère qu’elle te plaira autant que l’ancienne. Tu peux filer à l’intérieur, je m’occupe de décharger nos affaires.
Suite à ces dires, je me levais péniblement du siège de la voiture. J’éprouvais plusieurs sentiments en même temps quand je contemplais ce petit bâtiment posé devant moi. J’étais contente d’avoir un nouveau chez-nous, bien évidemment. Mais j’avais un pincement au cœur lorsque je me souvins pourquoi nous avions du déménager ici.
Je montais les trois marches qui permettaient d’accéder à la porte d’entrée, puis je poussais celle-ci lentement. Mes yeux ne savaient plus où regarder. Tout était nouveau, mais surtout, tout était vide.
Je pouvais apercevoir les éléments de la cuisine qui se situe tout au fond de la grande pièce où je me trouvais. J’imagine que cette pièce fait office de salon. Un coin plutôt bien éclairé par la lumière extérieure.
J’avançais dans la pièce. Aucun détail ne m’échappait. Je me dirigeais vers un escalier qui donnait à l’étage, surement l’espace réservé aux chambres et à la salle de bain notamment. Je montais les marches une à une. Quelques unes d’entre elles se dérobaient sous mon poids et laissaient échapper un bruit strident.
Arrivée en haut de l’escalier, je pu découvrir trois portes. La chambre de ma mère, la salle de bain, et ma chambre. Je poussais la porte de la pièce qui devait devenir ma chambre dans peu de temps. J’inspectais chaque recoin de la chambre vide. Ou presque. Je ne voulus pas m’attarder et descendis en vitesse l’escalier. Je croisais dans le salon des cartons remplis de nos affaires. Ma mère commençait déjà à faire les allers-retours pour transporter les cartons dans la maison. Notre maison.
Après avoir rempli mes poumons d’une bonne bouffée d’air frais. Je me décidais à aider ma mère qui peinait à transporter les cartons parfois lourds dans la maison. Je fis plusieurs voyages. J’avais l’impression de ne jamais m’arrêter. Nous avions un nombre important d’affaires. Je me penchais une dernière fois dans la voiture pour prendre le dernier carton. C’était le mien. Oui, je n’avais pas pris grand-chose de mon ancienne vie. Tous mes souvenirs rentraient dans un carton, un seul. Je ne voulais pas me souvenir, rien ne servait de ressasser le passé selon moi. J’installai cette petite partie de moi dans ma chambre rapidement. Je descendis voir ma mère qui s’empressait de disposer toutes les babioles et autres objets inutiles à leur place définitive. Je pris une veste et lui dit en coup de vent que j’allai me balader dans la ville.
Mer 25 Aoû 2010 - 21:45
